Coupure de presse du compte rendu de la Supercoupe d'Algérie 1981 entre le RCK et l'USMA
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Supercoupe d’Algérie : Retour sur la première édition

Le CRB et l’USMA disputeront, ce samedi 21 novembre 2020, le match comptant pour la Supercoupe d’Algérie 2019. À cette occasion, Lbara Khir Mel But vous propose un retour sur la première édition de cette compétition. Le match en question se joue le 20 août 1981 au stade du 20-Août entre le RCK et l’USMA. Réforme sportive oblige, les deux équipes s’appelaient alors le Raed Solb de Kouba et l’Union Sportive Kahraba d’Alger. Kouba venait de gagner son premier (et à ce jour dernier) titre de champion d’Algérie. L’USMA, pour sa part, avait enfin remporté sa première Coupe, après avoir perdu sept finales, et venait d’accéder en D1.

Photo d'équipe du RCK champion d'Algérie lors de la saison 1980-1981
L’équipe du RCK championne d’Algérie en 1980-1981.
Debout de gauche à droite : Kaci-Saïd, Boumaraf, Safsafi, Cerbah, Bouzama, Drici.
Accroupis de gauche à droite : Meghichi, Keboul, Salmi, Assad, Chaïb.

Le texte ci-dessous est une retranscription d’un article de Hamid Tahri paru dans le quotidien El Moudjahid. Nous y apprenons que la Supercoupe nouvellement créée n’attire pas les foules et déchaîne encore moins les passions. Que cinq joueurs du RCK étaient avec l’EN pour disputer un match éliminatoire de la CAN contre le Burkina Faso. Ces derniers ne sont pas nommément cités mais nous pouvons déduire qu’il s’agissait de Cerbah, Assad, Kaci-Saïd, Bentalaa et Chaïb. Côté USMA, malgré la défaite, le jeune buteur Salim Boutamine sort du lot et livre une prestation impressionnante. Enfin, c’est Mohamed Chérif Messaadia, cadre du FLN, qui remet le trophée au capitaine du RCK, Abdelaziz Safsafi.

Salim Boutamine sous le maillot de l'USMA en 1983.
Salim Boutamine sous le maillot de l’USMA en 1983.

Super-Coupe : RSK 3 USKA 1
Les “contres” d’El Qobba décisifs

Stade du 20-Août-1955. Soirée douce. Éclairage satisfaisant. 5000 spectateurs environ. Arbitrage de M. Garoui.
Buts : Boutamine (1’) pour l’USKA, Keboul (10’ et 85’) et Hamada (11’) pour le RSK.
Les équipes :
RSK : Teldja, Drici, Bouzama, Sabki, Boumaraf, Safsafi, Keboul, Louaib, Salmi, Khaouni (Kedibel), Hamada. Entraîneur : Abdelkader Zerrar.
USKA : Kesraoui, Soumatia, Ali Messaoud, Abdouche (Daoud), Keddou, Talbi, Betrouni, Rabet, Bedjaoui (Benmohamed), Slimani, Boutamine. Entraîneur : Ali Benfadah.

Sincèrement, on attendait beaucoup de ce match entre le champion sortant et le détenteur de la Coupe d’Algérie.

La relative désaffection d’un public (encore en vacances !), la faible publicité faite autour du match et le début compétitif par trop laborieux des deux antagonistes n’ont guère conféré à ce rendez-vous footballistique, l’envergure tant souhaitée. Tant pis, et s’il n’y eut pas ce grand soir du football qu’on attendait avec beaucoup de curiosité, les centaines de spectateurs qui ont eu le mérite de se déplacer au stade du 20-Août durent tout de même se contenter de quelques prouesses distribuées, il est vrai avec beaucoup de parcimonie. À la limite, le match qui devait être un exemple d’engagement physique, frisa la monotonie (surtout durant le second half) où tout un chacun semblait se résigner à son sort.

Loin de nous d’accabler les acteurs des deux camps, mais ne faut-il pas oublier que l’on n’est qu’en début de saison, que les rouages ne sont guère huilés, que les batteries des uns et des autres sont loin de tourner à leur plein régime. Même si cette super-coupe, qui inaugure une nouvelle ère, a pâti de tous ces inconvénients, le match qui s’est déroulé dans de bonnes conditions, se devait de désigner un vainqueur.
En battant l’USKA par trois buts à un, le Raed (au sein duquel on notait l’absence des 5 internationaux) a su le mieux charmer dame coupe, grâce à sa pondération, sa volonté et son réalisme.

Pourtant en matière de réalisme, l’USKA n’a rien à envier à son antagoniste. Seulement à l’USKA on use encore de fioritures, lesquelles si elles “épatent” la galerie, ne répondent nullement aux exigences du résultat.
L’USKA aurait donc pu faire un “résultat” d’autant que Boutamine (belle révélation) dès la première minute ouvrit les hostilités. Un échange avec Rabet, un contre heureux et voilà que l’ailier uskiste (encore junior) battait sans rémission Teldja.
À partir de là, on se demandait si Kahraba n’allait pas dominer outrageusement un sujet encore à la recherche de son équilibre.

En dépit d’une fragilité défensive très apparente, l’USKA fit cependant feu de tout bois, laissant la machine s’adonner à de belles fresques ponctuées par des raids vif-éclairs de Betrouni, Slimani et surtout Boutamine. Le moment d’euphorie fut assez éphémère. En face le RSK a de suite remis les pendules à l’heure. Safsafi au mileu s’érigeait en véritable citadelle. Avec son jeu plus ordonné, il ne restait plus au RSK que de parachever son œuvre grâce à un Keboul très virevoltant à son aile. Youcef s’était fait faucher, un coup-franc lui est accordé. Safsafi exécuta la sentence. Keboul bien placé expédia, de la tête la balle hors de portée de Kesraoui qui ne pouvait absolument rien.

L’on se demande où étaient les défenseurs uskistes à ce moment précis ? L’USKA tenta de se relever de ce fatidique coup, mais comme un malheur n’arrive jamais seul, Safsafi se chargera de porter l’estocade. Une balle liftée sur l’aile gauche et Hamada (un jeune qui promet beaucoup) expédia un essai qui fit mouche, devant une défense uskiste lente, passive et médusée. À égalité au jeu mais avec une petite avance au RSK, les deux équipes s’attachèrent à se surpasser (en dépit d’une forme qui tarde à venir).

À ce jeu le RSK s’avéra plus incisif puisqu’il occupa rationnellement le terrain et porta le danger devant Kesraoui qui sauva son équipe à plusieurs reprises. La pression des uns et des autres se fit des plus vives, mais la défense uskiste, qui a bien besoin de revoir ses batteries, n’empêchera pas Keboul de filer au nez et à la barbe des défenseurs. L’ailier koubéen ne se fera pas prier pour aggraver le score malgré la sortie de Kesraoui (85’). Les jeux étaient faits, même si l’USKA devrait évoquer les ratés de Benmohamed, et les balles en “or” que Boutamine n’a pu exploiter à bon escient.

Safsafi pouvait aller recevoir le beau trophée des mains de M. Messaadia, membre du Bureau politique, responsable du Secrétariat permanent du Comité central. La super-coupe, elle aussi a démarré d’une manière trop laborieuse. C’est dire que nos équipes n’ont pas encore atteint le rythme. Puisque cette coupe connaîtra une meilleure audience, et jouir d’une envergure conséquente. Sans doute, aura-t-elle, elle aussi, le temps de s’aguerrir…

Hamid Tahri, El Moudjahid, 1981