Le CRB et le NAHD s’affrontent ce samedi 19 décembre 2020, pour le compte de la quatrième journée du championnat. L’occasion de revenir sur la première confrontation de l’histoire entre ces deux équipes, qui a lieu le 21 décembre 1963. Un match plein d’enjeu puisqu’il s’agissait du dernier tour régional de la coupe d’Algérie édition 1963-1964. Les Sang et Or éliminent les Rouge et Blanc après deux heures de jeu sur le tuf trempé de Saint-Eugène. Les coéquipiers de Lalmas ont dominé les débats mais Saâdi et consort se sont montrés plus efficaces devant les buts.
Résultat : 2-1 pour le NAHD à l’issue des prolongations et une rivalité naissante qui s’accentuera quelques mois plus tard. En effet, les deux clubs se livrent un mano-a-mano haletant à la tête du championnat régional. Et hasard du calendrier, le CRB et le NAHD s’affrontent lors de la dernière journée. Un derby déterminant puisque son vainqueur décroche le titre régional et valide sa participation au tournoi national. Cette fois encore, la victoire sourit aux Hussein-Déens qui s’imposent 2-0 sur leurs voisins belcourtois.
Le texte ci-dessous est une retranscription d’un article paru le 23 décembre 1963 dans le quotidien Alger républicain. Son auteur est Omar Lardjane.
Le NA Hussein Dey style “coupe” barre le chemin au CR Belcourt
Nombreux public (7.000 spectateurs environ). Terrain praticable malgré quelques flaques. Buts : Lalmas (1re minute), Saâdi (31e) et Abdelkader (109e).
CRB : Nassou, Amar, Madani, Djemâa, Hamiti, Ahmed, Mouhoub, Zerrar, Lalmas, Zitoun, Achour.
NAHD : Ouchen, Boudissa, Yahia, Djebbar, Zermani, Zemmouri, Aouar, Abdelkader, Saâdi, Youcef, Oualiken.
Si c’était, comme à la boxe, aux points qu’il fallait baser la décision, le vainqueur aurait été sans conteste le CR Belcourt. Ce jugement d’un spectateur à la fin de la belle rencontre offerte aux quelques sept mille “affamés” de football qui s’étaient rendus au stade de Saint-Eugène samedi, montre bien dans quel sens s’est déroulée la partie.
Cependant CRB-NAHD, ce n’était pas la boxe mais du football où l’essentiel est de marquer plus de buts que l’on en prend sans s’occuper de la “manière” : c’était un match de coupe. Les Hussein-Déens ont gagné à ce petit jeu. Il leur a fallu cent vingt minutes pour cela. Ils ont gagné sans panache verte, mais leur entraîneur Bellamine pensait bien qu’en coupe, il vallait mieux vaincre sans panache que perdre avec les honneurs comme le fit le CRB.
Les Belcourtois, qui ont prouvé samedi que l’on devait compter avec eux pour la première place en championnat, ont péché par la faiblesse de certaines de leurs lignes. En particulier dans l’attaque où l’aile droite constituée par Zerrar-Mouhoub fut franchement au-dessous du niveau de l’équipe. Ce point faible fut pallié au début du match par l’ascendant acquis par les coéquipiers de Ahmed sur le NAHD et consécutif au but inscrit dès la première minute de jeu par Lalmas, mais il se révéla au fil des minutes lorsque l’on vit la défense hussein-déenne concentrer ses forces vers le centre (Lalmas) et la gauche (Achour), sans que ni Zerrar, ni Mouhoub ne puissent profiter de l’espace ouvert à droite.
Défense renforcée au NAHD
Ainsi le CRB, qui contrôlait presque totalement le centre du terrain grâce aux excellents Djemaâ, Hamiti et Zitoun, ne réussit plus à percer en attaque, car Lalmas et Achour se heurtaient chaque fois à quatre, voire cinq défenseurs Hussein-Déens bien regroupés autour de Zermani en très grande forme. Mise à part la première demi-heure de jeu qui fut entièrement sous la direction du CRB et au cours de laquelle une dizaine de tirs furent adressés à Ouchen tout le reste de la partie se déroula de cette façon.
L’entraîneur belcourtois, Ahmed, voyant son attaque s’empêtrer dans la défense hussein-déenne commit alors l’erreur de laisser ses demis descendre trop loin en avant, lui-même rejoignit quelques fois ses attaquants. L’effet fut immédiat : les rapides Aouar, Youcef et autre Oualiken n’eurent plus qu’à s’engouffrer dans les espaces libres à la faveur de rapides contre-attaques. C’est ainsi que fut lancée l’action qui permit à Saâdi de profiter d’une mésentente entre Hamiti et Nassou pour égaliser à la 31e minute.
C’est ainsi encore que Abdelkader réussit à conclure magnifiquement une action engagée sur l’aile droite par Youcef. Ce même Youcef eut la possibilité au cours des prolongations de semer Ahmed à 40 mètres des buts de Nassou et de dribler le goal du CRB, sans réussir à marquer toutefois. Cela montre jusqu’à quel point Belcourt découvrit ses lignes arrières.
Une domination stérile
En définitive l’erreur fondamentale du CR Belcourt a été de trop dominer. Cette domination aurait pu se concrétiser si le jeune gardien Ouchen et le demi-centre Zermani n’étaient dans une aussi grande forme, à eux deux ils l’ont rendue inefficace et ont permis à leur club de vaincre.
Le NAHD n’a pas fourni samedi une très belle prestation, mais là n’était pas le but de Bellamine. On pourrait reprocher à l’entraîneur hussein-déen d’avoir trop fait jouer “défensif”, mais nous connaissons le NAHD pour ses vertus offensives, et la rencontre contre le CRB en championnat, dimanche prochain, prouvera certainement que la tactique de samedi était une tactique de circonstance.
Quant au CRB, il a montré une technique individuelle très appréciable et les combinaisons entre certains joueurs étaient de très belle facture. Lalmas, au centre de l’attaque, a, une nouvelle fois, prouvé ses grandes qualités et n’était son manque de réussite, il aurait pu donner au match une autre tournure. Zitoun et Hamiti ont aussi fourni une très belle partie. Il conviendra de souligner que malgré l’enjeu de la partie, les vingt-deux joueurs observèrent une attitude exemplaire qui est toute à l’honneur de Zermani d’une part et de Ahmed de l’autre. Cela facilita beaucoup la tâche de notre arbitre international, M. Chekaïmi, qui fut naturellement excellent.
Omar Lardjane